12 février 2024

Comme discuté dans l’autre post Illégitimité de toute violence, la souveraineté d’un peuple s’exprime pleinement par l’application de son droit exclusif à la contrainte par la force. Pour assurer la paix sociale, les instances dirigeantes reconnues comme telles ont l’obligation du recours à la force pour contraindre tous ses membres au respect des règles. Pour gouverner, il faut donc être prêt à punir, au nom du peuple, les contrevenants.

C’est là, précisément là, que la souveraineté d’un peuple s’applique. Mais c’est également là, précisément là, que les gouvernements autoritaires dérapent et que la bascule vers la dictature s’opère. Si une dictature devait s’installer prochainement dans une des démocraties occidentales, c’est précisément par la « bonne » application de la souveraineté du peuple qu’elle réussirait à s’imposer. À notre époque, la dictature est fille de la démocratie. C’est par la marque fondamentale de ce qu’est une démocratie, par cette nécessité pour le peuple de se contrôler lui-même, que la dictature peut s’installer.

Pour éviter ce basculement, toute punition doit être juste, c’est-à-dire comprise comme telle par le peuple. La justice est juste que lorsqu’elle est reconnue par (presque) tous. Or, elle se construit en deux temps: 1) le pouvoir législatif définit les lois et 2) la police et la justice la font respecter. Si une décision de justice est dénoncée comme injuste, il ne sert donc à rien de critiquer les instances judiciaires, car celles-ci ne font qu’appliquer les lois; il faut demander aux législateurs de corriger les lois impliquées. C’est par l’imposition de lois considérées injustes par le peuple qu’un gouvernement affiche ses penchants autoritaires. Pour rebasculer dans la démocratie, tout gouvernement et les experts qui le conseillent doivent faire preuve d’humilité en se soumettant aux exigences du peuple. Ou il peut démissionner. L’épisode en France sur les nouvelles lois relatives à la pension en offre une illustration très concrète.