Chapitre 3 – Le vivre-ensemble et l’utilité

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Table des matières

L’humanité réside dans les interactions entre individus
Le vivre-ensemble
L’utilité
Aucune intention universelle
La diversité comme fondation du vivre-ensemble
Bien-être, bonheur et intérêt général
Le droit de ne pas être d’accord
Transparence
Rapport de force utile

Extrait

Pour former société, il faut au moins être deux, Vendredi et Robinson Crusoé. Tout comme celui de Michel Tournier avant qu’il ne rencontre son compagnon de mésaventure, une personne seule et isolée sans relations sociales n’est pas vraiment humaine, ou pour le moins pas pleinement. Au-delà de l’expérience individuelle de chacun des deux protagonistes, il est fondamental de reconnaître que leur humanité s’entretient grâce à leur relation bilatérale et rétroactive. La création, l’innovation et la nouveauté surgissent de la collaboration entre individus. Même le génie d’un peintre qui enfante son futur chef-d’œuvre seul dans son atelier émane de l’accumulation des interactions qu’il a vécues depuis qu’il est né. La manière unique dont il tient son pinceau, dont il conçoit le monde, dont il voit les couleurs ou dont il arrange les formes n’a pu émerger que grâce à son immersion dans le bain collectif de l’humanité. Bien sûr, un certain talent inné entre aussi en ligne de compte, mais sans son environnement social, il n’aurait pu éclore. Et puis, un artiste sans public pour regarder et interpréter son œuvre ou sa performance n’en est pas un. En ce sens, je dirais qu’il n’existe pas de valeur intrinsèque à un individu s’il n’est pas en relation avec au moins une autre personne.