Pourquoi ce livre ?

Cet essai « Libéracité » matérialise plus de 30 ans de réflexions, chacune partant d’un constat sociétal qui soulève naturellement la question du pourquoi. Voici les principaux, ceux qui ont conduit aux cheminements de pensée les plus féconds.

1. La société est désenchantée.
2. Nos enfants vivront moins bien que nous.
2. De nombreuses solutions ont déjà été proposées.
3. Pourtant « on » ne fait rien en ce sens.

L’organisation de la chose publique et des entreprises donne de facto le pouvoir de décider à une toute petite minorité : les « responsables ». Pourquoi décident-ils donc si mal ? Qui sont ces gens ? Est-ce leur faute ? Suffirait-il de les remplacer ? Par qui ? Devrions-nous plutôt nous attaquer au système ? Quels fondamentaux posent problème ? Quel(s) autre(s) système(s) pourrions-nous désirer ? À qui donner le(s) pouvoir(s) ? Ces questions obligent plusieurs axes de réflexions, qui sous-tendent la trame du livre.

Que voulons-nous ?

La question du sens de la vie – dans toutes les dimensions que porte le terme « sens » – restera toujours ouverte. À chacun la liberté de la laisser ainsi, ou de la fermer péremptoirement par une croyance, religieuse ou non.

Si nous désirons vivre ensemble sur cette planète sans se taper l’un sur l’autre (ou pour le moins dans notre pays ou notre région, si l’objectif universel vous semble trop ambitieux), la question essentielle qui se pose alors est la suivante : Autour de quel objectif commun, porteur de paix et compatible avec toute la diversité des choix de réponse à la question du sens de la vie, pourraient se rallier l’ensemble des gens ?

La réponse de l’essai : l’harmonie – au sens artistique du terme : rapport heureux entre les parties d’un tout – et non pas la recherche du bonheur ou l’intérêt général. À chaque fois que des options se présentent à nous, nous devons choisir celle qui maximise l’harmonie sociale.

La dimension humaine du pouvoir

Des positions de pouvoir se dégagent toujours dans des communautés humaines, même dans des structures qui se veulent résolument démocratiques ou anarchiques, même lorsque le système empêche tout rapport de domination. Même si le pouvoir est partagé, il reste le jeu des influences, de la rhétorique, de la prise de parole et des intimidations directes et indirectes, exprimées ou suggérées, face auxquelles toutes les personnes ne sont pas égales dans leur capacité à les maîtriser. Au bout du compte, cela reste une forme de pouvoir. Il existe donc toujours une minorité qui décide ou qui imprime une plus grande influence sur les décisions qui doivent être prise par et pour le groupe, une minorité qui décide pour les autres.

Puisqu’un certain degré de délégation – le plus faible possible – est inévitable, se pose alors la simple question : à quel type de personnes donner le pouvoir ? Quelle est la qualité essentielle dont elles doivent faire preuve ?

La réponse de l’essai : l’altruisme – se préoccuper des autres, sans rien en attendre en retour – et certainement pas l’ambition, la volonté, la combativité ou l’endurance, ces aptitudes mises en valeur dans les sociétés libérales capitalistes. Quant aux autres qualités moralement jugées bonnes, telles que l’empathie, la compassion, la générosité, la gentillesse ou la solidarité, elles peuvent aider bien entendu, mais elle s’avèrent inopérantes sans altruisme.

La dimension étatique du pouvoir

Tout groupe humain souverain s’organise d’une manière ou d’une autre, concentrant ou répartissant son pouvoir de décider pour lui-même dans des structures opérationnelles (décider des règles, les appliquer et contraindre, si nécessaire, ses membres à les respecter). On nomme « État » cette organisation du pouvoir.

Se pose alors la question politique fondamentale : quels sont les principes collectivement acceptés sur base desquels l’État (quelle que soit sa forme institutionnelle) se doit de gérer la vie en commun ?

L’essai en propose dix, dont nous venons de voir le premier, à savoir le vivre-ensemble en harmonie comme objectif sociétal premier. Le second, plus politique, pose l’utilité de l’action politique, à savoir que toutes idéologies, doctrines, décisions et actions politiques doivent être directement utiles aux citoyens et au vivre-ensemble. L’État doit se préoccuper en premier et directement des personnes, de toutes les personnes, et non pas de façon détournée, notamment en favorisant les entreprises et leurs actionnaires, dans l’espoir, par un éventuel jeu de ricochets, de retombées positives.

Traité d’éthique politique

Ce livre propose une vision d’une société où cohabiter en harmonie est envisageable, car construite sur les différences des unes et des autres. Tel un traité d’éthique politique, il interroge sur ce qu’est « une vie bonne » dans la sphère politique. En réponse, il définit un cadre englobant qui s’appuie sur des principes pour une société plus harmonieuse qu’il reste à construire. Cette structure logique forme une « axiomatique de l’éthique politique » sur laquelle pourrait solidement se reposer toute proposition d’organisation sociétale se voulant plus juste et plus égalitaire. Elle formule les prémisses nécessaires, mais pas suffisantes, qui permettraient de s’affranchir du libéralisme capitaliste tout puissant, comme une première étape indispensable vers un autre avenir, moins anxiogène et moins violent que celui qui nous est promis si rien ne change.

Contrairement aux valeurs, dont nous héritons, les principes expriment un choix collectif déterminant la manière dont nous voudrions vivre ensemble. En tant qu’éléments constitutifs fondamentaux de la politique, il forment une fondation cohérente et logique sur laquelle doivent se fonder les lois et les normes de la société, ainsi qu’idéalement les comportements des dirigeants.

La nécessaire séparation des pouvoirs

Sans la séparation du capitalisme et de l’État, la classe dominante continuera de s’enrichir et de centraliser encore plus tous les pouvoirs, aux dépends du reste de la population. Ce principe, le huitième du livre, stipule que l’État a pour mission d’écarter les capitalistes du pouvoir politique, dans le but assumé de les empêcher de le cumuler avec celui de l’argent, tout comme c’est déjà le cas pour les religieux, les militaires ou les juges. Il est tellement fondamental, qu’un nom lui a été donné, la « Libéracité », et que celui-ci se retrouve dans le titre de l’ouvrage.

Sa stricte application entraînera une révolution idéologique : l’émergence d’une nouvelle classe politique non dominante qui, par essence et contraintes systémiques, ne cherchera pas à abuser du pouvoir, car elle n’en retirerait aucun avantage, mais à l’exercer dans l’intérêt de tous dans une quête permanente de l’harmonie sociale.